Tryptique atypique à Garnier
Cherkaoui, Goecke et Lidgberg à l’Opéra Garnier ; de quoi passer par des émotions contradictoires en une soirée.
La générale s’ouvre sur un sublime duo Faun de Sidi Larbi Cherkaoui. Le couple de danseurs – qui passe de pirouettes classiques à des acrobaties de circassiens – est d’une grâce incroyable. Sur la musique de Debussy, on ne peut être qu’emporté par cette chorégraphie exigeante et virevoltante. Entre animal et humain les mouvements sont sauvages, intenses et viscéraux et rendent hommage à la chorégraphie originale de Nijinski.
Goecke signe quant à lui un ballet étonnant, quasi psychédélique, peu compréhensible et dérangeant. Considéré comme un chorégraphe avant gardiste, Goecke a intitulé sa création Dog sleep, visiblement très inspiré par son chien. Les danseurs sont difficilement visibles dans une épaisse brume, et évoluent avec des mouvements saccadés comme possédés. Ils dansent la bouche grande ouverte évoquant le cri de Munch. Angoissant mais probablement novateur.
Enfin pour clore la soirée, les Noces de Lidberg apportent une touche de légèreté. Coloré, vif et pétillant, ce ballet mettant en scène 18 danseurs questionne l’évolution du mariage dans nos sociétés. Sur une musique de Stravinsky la jeunesse fait place à la maturité, illustrées par une mise en scène simple mais ingénieuse. Une joyeuse balade, nostalgique et lumineuse.
A voir à l’Opéra Garnier jusqu’au 2 mars 2019.