Double découverte en apesanteur
C’est avec une grande curiosité que nous avons été découvrir la nouvelle salle de spectacle La Scala et la toute dernière création de Yoann Bourgeois.
Situé sur les grands boulevards, ce lieu mythique des nuits parisiennes, vous accueille dans une ambiance assez boite de nuit. Une fois l’entrée franchie, le lieu se dévoile avec notamment un bar-restaurant bondé et un décor bleuté dépouillé.
La salle de spectacle, toujours déclinée dans les bleus, vous fait découvrir sa carcasse et la machinerie, mises à nu par le spectacle étonnant de Yoann Bourgeois.
Artiste atypique, passionné – voire obnubilé – par la suspension et l’équilibre, Yoann Bourgeois signe un spectacle poétique et déroutant. S’inspirant des « wakouwas », petits personnages en bois que l’on actionne avec un bouton, comme de petites marionnettes, le spectacle chorégraphie le faire et le défaire à l’infini. Une chaise se défait, le danseur acrobate suit les mouvements de l’objet avec une précision millimétrée. Sublimée par un escalier et deux trampolines, la scénographie accentue la répétition lancinante avec les danseurs qui rebondissent et dégoulinent le long de l’escalier pour effectuer les mêmes mouvements à l’envers. Ils ne sont que 7 et pourtant on a l’étrange sensation d’assister à un flot incessant de personnages arrivant sur scène disparaissant dans une trappe, réapparaissant en haut d’un escalier, sur un lit, en dessous de la scène.
Mettant en exergue la ventraille du théâtre, ce spectacle à la fois poétique, onirique et angoissant défie l’espace et le temps. Les artistes sont de véritables virtuoses de contorsion, de lâcher prise et d’équilibre.
On reste un peu en suspens à la fin de la pièce, un peu frustré et désireux d’en voir plus. A se demander si ce n’est pas volontaire de nous laisser ainsi suspendu au bord du vide ?
A découvrir à la Scala de Paris jusqu’au 24 octobre.