Pour ceux qui n’ont pas eu la chance d’assister à un spectacle de danse à Vaison-la-Romaine, laissez-nous le plaisir de vous décrire les lieux.
Ce fabuleux théâtre antique de 5000 places est un écrin de toute beauté qui offre un ravissement pour les yeux mais aussi pour l’oreille. L’acoustique y est tellement exceptionnelle qu’en se plaçant tout en haut des gradins on peut entendre une conversation sur scène et toutes les nuances dans la musique.
Imaginez donc le festival de Vaison Danses dans ces conditions.
Sobanova a eu le grand bonheur de pouvoir assister à trois spectacles uniques, radicalement différents et particulièrement audacieux.
Le 21 juillet nous avons assisté à la pièce « Love heals all wounds » créée par Lil Buck et Jon Boogz. Lil Buck, 28 ans, sacré comme l’un des 25 meilleurs danseurs du monde est un virtuose du Jookin, danse originaire de Memphis, rencontre du hip-hop et de la danse classique. Les deux disciplines fusionnent pour créer un univers singulier où la délicatesse du ballet se mêle à la précision du hip-hop. Les danseurs donnent l’impression de glisser sur le sol ou de flotter.
Cette création, seule représentation européenne, à la fois poétique et violente dénonce la société américaine actuelle. Scandée par une slameuse entièrement en anglais, le texte très puissant est magnifié par le charisme de son auteur et par le talent des danseurs. Une pièce unique, atypique et magique !
Notre enthousiasme n’a fait que croître après avoir assisté au merveilleux hommage rendu à Leonard Cohen par les Ballets Jazz de Montréal. Amoureux de Leonard Cohen ou pas, impossible de ne pas être emporté par la puissance, la perfection technique et la beauté de cette pièce. A l’image des grandes comédies musicales, les tableaux se succèdent avec une virtuosité, une fluidité et une précision captivantes. Les lumières, la mise en scène et le talent des danseurs n’ont d’égal que l’énergie qui s’en dégage. C’est un immense bonheur, et une rareté, de voir la danse jazz si bien mise à l’honneur. Un pur régal !
En clôture, le Ballet National de Marseille présentait sa pièce « Non solo Médéa » en exclusivité française. Ce spectacle total, mêlant danse, théâtre, opéra, vidéo reprend le mythe de Médée. Emio Greco et Pieter C. Scholten, les deux chorégraphes du Ballet national de Marseille, appréhendent le théâtre comme une micro-société qui surgit du moment, rassemble les gens dans l’ici et maintenant. Véritable défi à la démesure du théâtre antique, le corps de dix-huit danseurs donne la réplique aux mots déclamés par une comédienne, rythmés au son de percussions jouées en live. Le passé et le présent se heurtent au son d’un montage musical énergique et puissant mêlant Pink Floyd, Beethoven ou encore Mahler. Pour l’occasion, les danseurs avaient investi la fosse pour donner encore plus de dimension à ce grand drame tragique qui a conquis un public debout, saluant à la fois ce spectacle et la clôture de cette magnifique édition du Festival de Vaison Danses.
Retour en images sur l’édition 2018